La loge et l’histoire de la vigne et du vin, la tonnellerie
La «loge» est dans le prolongement de l’écurie. C’est le «temple», le cœur de la maison, l’espace dédié au raisin et au vin.
La futaille côtoie les pressoirs, les cuvelles, les outils de tonnellerie (René, un enfant de la maison, y fabriquait les tonneaux familiaux). On voit même un pressoir adapté à la taille des enfants et utilisé pendant les vendanges pédagogiques, chaque année.
C’est là que l’histoire de la vigne est racontée : son origine, ses cépages, sa culture. Historiquement, la vigne se plantait en «foule» (en quinconce avec 4 à 5 pieds au m2, sans fil) avec une taille en buisson et l’on ne pouvait qu’y travailler à la main. A partir de 1920, les premières rangées apparaissent, puis les fils pour de meilleurs rendements et l’utilisation de matériels tirés par les chevaux, le progrès arrivait…
Les surfaces de vignes ont été considérables jusqu’au début du XX° siècle, 45 000 ha en Lorraine vers 1860, 210 ha aujourd’hui, 3 000 ha dans le Toulois, 110 maintenant…
Pourquoi ce déclin ? Après l’oïdium, le mildiou, il y eût le terrible phylloxéra qui ravageât bien des vignes. Signalé en 1892 dans nos coteaux, il sévissait depuis 1852 à partir du Sud-ouest et l’on pût replanter avec des cépages hybrides généreux en quantité mais faibles en qualité, avant d’utiliser des porte-greffes américains. Il y eût surproduction, de fortes gelées certaines années et une grande concurrence des vins du sud – plus goûteux – que le développement du chemin de fer après 1870 favorisa. Heureusement, nos vignerons bénéficièrent, encore un temps, de la présence des militaires de la place forte de Toul (17 000 avant 1914) mais la guerre de 14-18 fit tomber bien des hommes, il manquât des bras pour cultiver cette vigne si exigeante en main d’œuvre.
Exigeante la vigne, certes, mais pas toujours très rémunératrice et quand l’industrie demanda des ouvriers, nombre de vignerons y virent leur intérêt ; à Foug, par exemple avec la sidérurgie et la fabrication de carrelages. La Champagne était un gros client de nos vignobles, mais, après les lois de 1908 et 1911, elle se replia sur son territoire et cessa de s’approvisionner en raisin lorrain.
Tous ces facteurs entraînèrent le déclin du vignoble.
Progressivement, les vignes furent abandonnées ou remplacées par des vergers, quelques vignerons résistèrent néanmoins.
Après l’obtention du label VDQS en 1951, à force d’efforts et de persévérance, ils obtinrent l’AOC en 1998 pour le «gris de Toul», le «pinot noir» et l’ «auxerrois». Leur prochain challenge est, maintenant, le passage en «Bio».
Évidemment, le guide vous fera voyager avec les vendanges d’antan, le foulage du raisin avant le pressurage mécanique (à 4 hommes ici), la vinification en barrique avant d’aborder les techniques modernes.
En poursuivant notre chemin, au fond de la loge, on remarquera deux alambics qui servaient surtout à distiller de l’alcool à usage médical bien avant que de produire des eaux de vie de fruits car il fallut attendre que les vergers aient remplacé les vignes…
Au sortir de la loge, un appentis abrite de vieux outils mais surtout du matériel de métallerie pour la fabrication des cerclages des tonneaux.